jeudi 15 septembre 2016

Un article paru dans un quotidien de ma région ce matin

Jeudi le 15 septembre 2016

Bonjour.

Hier j'ai rencontré un journaliste du plus grand quotidien de ma région le journal Le Droit

Voiçi ce qui a paru ce matin.

Bonne lecture

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Guérir son coeur
Richard allait se laisser mourir. Il n’avait simplement plus la force physique, mais surtout morale, de continuer. Étouffé par la solitude et en désespoir de cause, il s’est joint à un groupe de soutien pour hommes au Centre Carmen, à Gatineau. Sans savoir que ce qu’il allait trouver là-bas allait combler le plus grand vide dans sa vie et le plus grand trou dans son coeur.

— PATRICK WOODUBRY, LEDROIT Richard Brisebois s’est joint à un groupe de soutien pour hommes au Centre Carmen, à Gatineau, il y a deux ans. Sans savoir que ce qu’il allait trouver là-bas allait combler un grand vide dans sa vie.

Richard Brisebois, 63 ans, est originaire de Rouyn-Noranda. Entrepreneur en rénovation et en construction, il est venu s’établir en Outaouais il y a plus de 25 ans. En août 2012, on lui a diagnostiqué un cancer des ganglions, mieux connu sous le nom de la maladie de Hodgkin. Et la nouvelle l’a complètement démoli. « J’ai été sous le choc pendant plusieurs mois, se souvient-il. Je n’étais plus là. »

Richard a subi 16 traitements de chimiothérapie pendant une durée de neuf mois. Neuf mois durant lesquels il a perdu la joie de vivre qui le caractérisait. Neuf mois à délaisser ses amis un à un. Puis sa conjointe l’a quitté. Richard avait pourtant combattu le cancer et il était en rémission après ces neuf mois de traitements. Mais le cancer s’était enfui avec son âme.

Deux ans plus tard, en septembre 2014, il a appris lors d’un examen de routine chez le médecin que son système immunitaire était à plat. « Dans ma tête, dit Richard, j’étais convaincu que le cancer était revenu. Et on m’avait prévenu qu’il est encore plus agressif la deuxième fois. Et il n’était pas question que je revive neuf autres mois de traitements de chimio. »

Richard est alors retourné chez lui en Abitibi revoir sa famille. « J’ai été faire mes adieux, laisse-til tomber. J’avais eu une belle vie. J’allais laisser le cancer gagner. »

De retour en Outaouais, début octobre 2014, Richard a décidé de s’arrêter au Centre Carmen, là où il avait entendu dire qu’il trouverait un groupe d’entraide et de soutien pour hommes prêts à l’accueillir et l’écouter. « Je n’avais plus d’amis et je ne voulais pas mourir seul, dit-il. Alors je suis allé un peu à reculons à cette rencontre au Centre Carmen pour me chercher des amis. Mais dans le fond, je pense que j’y allais pour me trouver quatre porteurs. Mais dès la première rencontre, j’ai compris que je n’étais pas seul. Tous les hommes à cette rencontre avaient vécu ce que je venais de vivre et ce que je vivais en moi. Je pouvais leur parler de mes angoisses, de mes peurs, de ma solitude. Ils me comprenaient. Cette rencontre m’a transformé. Et ce soir-là, j’ai trouvé le courage en moi pour écrire un mot à Angèle... »

On recule à l’année 1971 à Rouyn-Noranda. Richard a 18 ans. Et sa blonde Angèle a 16 ans. Les deux tourtereaux se fréquentent depuis trois ans.

« Mon père travaillait dans les mines et je voulais faire comme lui, raconte Richard. Alors j’ai quitté Rouyn à l’âge de 18 ans pour aller travailler dans une mine du nord de l’Ontario. J’allais faire ma vie là-bas. J’aurais bien aimé que Angèle vienne avec moi. Je l’aimais tellement. Mais sa mère est décédée cette année-là. Et son père l’a retirée de l’école pour qu’elle s’occupe de son frère et de ses deux soeurs plus jeunes qu’elle. Alors j’ai quitté seul. Mais j’ai vite constaté là-bas que le métier de mineur n’était pas pour moi, et je suis rentré à Rouyn un an plus tard. À mon retour, j’ai appris que Angèle était sur le point de se marier, qu’elle n’attendait que ses 18 ans pour se marier. Alors j’ai décidé de faire ma vie sans elle, le coeur en mille morceaux. » On revient en octobre 2014. Après une rencontre au Centre Carmen, Richard a repéré Angèle sur les réseaux sociaux pour lui écrire ce qui suit : « Je n’ai qu’un seul regret dans la vie. Celui de t’avoir laissée en 1971. »
Dans les secondes qui ont suivi, Angèle lui a répondu : « En 1971, j’ai perdu deux êtres que j’aimais de tout mon coeur : ma mère... et toi. »

Angèle et Richard, qui ne s’étaient pas vus depuis plus de 40 ans, vivent aujourd’hui ensemble à Val-des-Monts où ce dernier achève la construction d’une nouvelle maison. « Mais ce n’est pas une maison, dit Richard, c’est un nid. Nous sommes tellement heureux ensemble, on vit un rêve ! »

Richard va très bien aujourd’hui. Et il n’a jamais fait de rechute depuis son premier cancer. Et tout récemment, il a fait « la grande demande » à son âme soeur en lui promettant 30 ans de bonheur.

Angèle lui a dit oui.

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